Comment (gentiment) tacler les critiques au sujet de l’écriture inclusive

Comment (gentiment) tacler les critiques au sujet de l’écriture inclusive

C’est moche”, “ça sert à rien”, “c’est bizarre”... Selon toi, quel est l’objet de ces critiques ? Une oeuvre d’art abstrait peut-être ? Eh non ! L’objet de ces critiques que j’entends souvent, c’est l’écriture inclusive.

On pourrait presque ajouter “ça pue”, tu sais, comme un enfant devant un plat d’épinards 😂 (je rigole). I

l suffit que la conversation dévie sur le sujet ou de parcourir le web pour réaliser que les critiques fusent et que les préjugés sont bien ancrés.

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L’écriture inclusive part du principe que l’utilisation du masculin générique, utilisé et considéré en français comme “neutre”, ne l’est pas tant que ça. Elle vise à inclure toutes les personnes de la société, peu importe leur genre, à travers le langage et l’écriture. Un de ses objectifs est aussi de gommer ce qui relève du sexisme et sortir de la binarité féminin/masculin.

Mais elle est (malheureusement) souvent mal comprise.

Dans cet article, je dresse l’inventaire des critiques les plus courantes au sujet de l’écriture inclusive et je les nuance, parce qu’elles sont souvent basées sur de fausses idées reçues (c’est-à-dire des opinions faites d’avance et souvent non-fondées).

Le point de départ : l’idée reçue selon laquelle l’écriture inclusive se résume au point médian

Ah, le fameux point médian. Tu sais, ce petit point qu'on place entre les lettres pour inclure tout le monde ? Tu penses peut-être qu’il résume à lui seul l’écriture inclusive. Et c’est bien normal, puisqu’il est sans doute la forme la plus visible de l’écriture inclusive. Mais du coup, c’est lui qui essuie le plus de critiques !

Alors qu’en réalité, l'écriture inclusive ne se limite pas du tout au point médian (promis !).  C’est cette première fausse idée reçue qui est à la base de beaucoup de critiques au sujet de l’écriture inclusive. C’est donc super important de l’aborder avant d’avancer.

Voici d’autres méthodes d’écriture inclusive que tu peux mobiliser :

Les termes épicènes ou neutres : ils ne varient pas en fonction du genre (les artistes, les élèves, etc).
Les formules englobantes : ils font référence à un groupe sans distinguer le genre des personnes qui le composent (le lectorat, la population, la direction, les individus, etc).
La double flexion ou doublet : citoyens et citoyennes, mécaniciens et mécaniciennes, etc.
La féminisation : les formes féminines de noms de métiers (autrice, écrivaine, couvreuse, etc). Bien-sûr, libre à chacune de se dénommer comme bon lui semble.

💡 La notion importante à retenir ici : le point médian est loiiiin d’être la seule et unique forme d’écriture inclusive, au contraire !

L’écriture inclusive, c’est moche

A. A l’écrit

A quoi pensent la plupart des gens quand ils émettent cette critique ?

Je te le donne dans le mille : le point médian et les formes tronquées (s’interroger sur la beauté d’un caractère typographique… avoue que c’est presque poétique !).

Plus sérieusement, qui s’est déjà dit qu’une virgule, un point virgule ou un tréma était laid ?

Je pense qu’il s’agit d’une question d’habitude : une fois entrés dans l’usage courant, la beauté de ces caractères ne sera plus remise en question.

Alors, certes, lorsqu’on lit "auteur·rice·s", ça peut paraître un peu bizarre au début, je ne peux pas le nier. Mais on s'y fait vite ! Notre cerveau comprend rapidement qu’il doit lire “auteurs” et “autrices”.

B. A l’oral

A l’oral, la critique concernant la laideur du langage inclusif vise souvent les noms de métiers féminins, dont la forme féminine diffère de la forme masculine, comme par exemple le mot “écrivaine” (d’ailleurs, mon correcteur orthographique ne reconnaît pas ce mot, c’est dire !).

C’est dingue de voir la haine et le dédain que ces mots suscitent chez certains de nos amis masculinistes ou autres personnages publics (Frédéric Beigbeder, par exemple, en 2005, n’hésite pas à s’offusquer du terme “écrivaine” en disant : “J’attrape une éruption cutanée dès que je lis ce terme immonde”. Plutôt virulent, tu ne trouves pas ?

Beaux ou moches, les termes écrivaine, ou autrice, étaient des mots courants avant le 17è siècle. Ils n’ont pas été inventés par les féministes comme certain.es aiment à le croire (et quand binen même ?). Ils ne sont que la forme féminine d’un mot : les deux pièces d’une même face, si on veut. Comme “chanteur” est la version masculine de “chanteuse” et vice-versa.

La féminisation des noms n’est donc qu’un retour aux racines du français. A notre époque, elle nous permet de construire un nouvel imaginaire et de nouveaux cadres de références qui ne sont plus basés sur le masculin comme unique référence.

L’écriture inclusive rend le texte illisible

Tu as sans doute déjà entendu ce contre-argument à l’utilisation de l’écriture inclusive, et peut-être le penses-tu aussi ? Cette critique est sans doute l’une des plus tenaces, mais elle part d’une préoccupation tout à fait légitime.

Le point médian rendrait la lecture difficile, voire impossible, pour les personnes atteintes de dyslexie ou autres troubles de la lecture. Il est évidemment difficile de nier qu’elle soulève des difficultés, surtout au début.

Pourtant, cette critique peut être nuancée. Déjà, parce qu’elle concerne principalement le point médian, qui, comme je l’ai expliqué, n’est pas la seule méthode pour écrire de façon inclusive.

Ensuite, la réalité est que nous manquons encore d’études sur le sujet. Il est donc délicat de répondre à cette question. Des recherches ont démontré que l'œil s’habitue très vite à la présence de caractère spéciaux, et que c’est surtout une question d’usage et de pratique. Une recherche affirme aussi que cela n’empêche pas la compréhension générale du texte pour les personnes en difficulté.

Que prononces-tu quand tu lis “Mme” ? Cette question te paraît idiote, n’est-ce pas ? Nous en avons tellement l’habitude que notre cerveau lit automatiquement “Madame”. Eh bien, c’est pareil pour "auteur·rices" : on s’habitue assez vite à lire  “auteurs et autrices”, ou même “auteurices”.

Finalement, rien ne t’oblige à utiliser le point médian à tout va. Pour limiter les obstacles à la compréhension, tu peux tout à fait l’utiliser avec parcimonie, ou carrément t’en passer (tu te souviens ? ce n’est pas la seule façon d’écrire en français inclusif 😉). Tout dépendra de ta cible et de sa sensibilité.

L’écriture inclusive ne sert à rien

On me demande souvent : “À quoi ça sert ?”. Vaste sujet ! Pour y répondre, il faut garder en tête que le langage façonne notre imaginaire et nos représentations. En rendant les femmes plus visibles à travers le langage et l’écriture, on fait évoluer leur place dans la société.

En dépassant l’utilisation systématique du masculin générique, on fait passer un message fort : chaque personne a une place dans la société, peu importe son identité de genre.

Bien-sûr, je comprends que l’écriture inclusive puisse sembler être un combat inutile, abstrait et secondaire (mais plus à la fin de cet article j’espère !). On n’a jamais prétendu sauver le monde avec ça, mais au moins, on aura pris les choses en main. On aura repris le pouvoir sur nos discours et nos écrits.

Et puis, hiérarchiser les combats pour l'égalité, ce n’est pas très productif. Car le sexisme, l’intolérance face aux personnes trans ou non-binaires et aux questions de genres en général, font partie d’un système. C’est donc en changeant ce système, à tous les niveaux, qu’on arrivera à créer un société plus inclusive. Et le langage en est un élément important.

L’écriture inclusive est une lubie (wokiste, bien entendu)

Tout d’abord, une petite précision de vocabulaire. Le wokisme désigne un courant de pensée progressiste qui lutte, entre autres, contre le racisme, contre le sexisme, pour les droits des LGBTQIA+ et de diverses minorités. Malheureusement, ce terme est le plus souvent utilisé de façon péjorative pour discréditer ces idées.

As-tu déjà entendu cette critique selon laquelle l'écriture inclusive serait un effet de mode (et puis franchement, une mode qui veut plus d’inclusivité, je trouve ça pas trop mal 😉) ou un produit de notre époque ? Et c’est en partie vrai, dans le sens où notre société évolue sans cesse. En revanche, les questions féministes, de genres, de racismes, et plus généralement de domination structurelle, existent depuis bien longtemps. Et le langage a toujours été un lieu de lutte sociale.

Une autre remarque qui revient souvent, c’est la fameuse phrase “on peut plus rien dire”, ou plutôt “on peut plus rien écrire” dans notre cas. C’est sûr qu’écrire de manière inclusive implique de ne plus (ou moins) utiliser certaines formulations. Mais la bonne nouvelle, c’est que le français regorge de possibilités pour écrire plus inclusivement (je te donne quelques ressources juste après) !

C’est trop compliqué

Je te l’accorde : aborder l’écriture inclusive peut être déroutant. Toutes ces nouvelles perspectives sont compliquées à assimiler, cela peut faire beaucoup d’informations d’un coup 🤯.

Heureusement, certaines méthodes sont moins compliquées que d’autres... Oui, elle demande un peu d’entraînement, mais de nouveaux réflexes s’installent vite. Il suffit parfois d’aller piocher dans le riche vocabulaire de la langue française pour trouver le terme adéquat.

D’ailleurs, il existe plusieurs dictionnaires de synonymes épicènes en ligne pour t’inspirer et t’aider à choisir.

Un dernier petit rappel : il n’y a pas de règle toute faite et il n’y a pas de police de l’écriture inclusive. Tu peux donc t’y mettre à ton rythme, en utilisant les méthodes qui te conviennent, sans craindre de recevoir un constat d’infraction 👮. Le but n’est pas que tout soit parfait : prendre conscience et essayer, c’est déjà beaucoup.

En bref : les réponses aux critiques en quelques points clés

Pour appréhender l’écriture inclusive sereinement et déconstruire les idées reçues à son sujet, garde en tête que :

  • Les mécanismes de l’écriture inclusive sont encore assez méconnus : en conséquence, pas mal de fausses idées circulent à son sujet
  • L’écriture inclusive se résume PAS au point médian : d’autres méthodes existent
  • L’évolution d’une langue est un processus normal et sain : la langue évolue avec son époque
  • Le langage influence nos représentations et vice-versa : cela ne coûte rien mais ça peut rapporter gros pour la société
  • Tout est une question d’habitude et de pratique : au plus on s’y intéresse, au plus on essaie de la pratiquer, au plus l’écriture inclusive vient naturellement.

Si tu veux adopter l’écriture inclusive dans ta communication, mais que tu ne sais pas par où commencer, pas de panique, je suis là pour t’aider.

🌈 Avec mon service de relecture et de rédaction INCLUSION REDACTION, je peux t’aider à: - Définir les méthodes qui conviennent le mieux à ton projet / entreprise / public cible - Réviser tes textes et les rendre plus inclusifs pour qu’ils n’oublient personne - Rédiger tes textes directement en langage inclusif